Monday, November 2, 2020

Haïti, Terre Où l’Avenir est Kidnappé, Battu, Violé et Assassiné | Alce M. Henry

Économie en gabegie, Corruption, Impunité, Chômage, Cherté de la vie, Police fantomatique, Gangs institutionnels, Pays-lock, École cadenassée, Viol, Kidnapping, Évasion de cerveaux, Famine, Sécheresse, Insécurité criante, Politique à la diable, État sans état d’âme, Exécutif mythomane, parlement inopérant et débile, peuple ingénu…, comment dire que MON PAYS VA MAL ?

Connu pour un pays où l’instabilité sévit depuis il y’a longtemps, toutes les conditions pour une insurrection générale sont réunies. On peut donc déjà sentir le gaz chuté dans l’air, auquel il faut éviter qu’un briquet soit allumé trop proche, de peur que ça fasse un gros BOOM !

Haïti, est un corps malade dans tous ses organes. C’est une terre où les jeunes sont soient disant l’avenir, mais où l’avenir se voit tous les jours violer et tuer dans des plus ignobles conditions. On a déjà vu des scènes où un orphelinat se voit partir en feu, avec le corps de plus de 15 enfants retrouvés brulés vifs. Sans oublier des scènes où un doyen de faculté fait rouler sa voiture sur le corps plein de vie d’un étudiant revendicateur. Voilà qu’à présent, on s’est réveillé en retrouvant l’avenir sans vie sur un lot de fatras. En somme, c’est une terre sans avenir, où à 22 ans, on est trop jeune pour bosser et trop vieux pour mourir.

Réduire à elle seule, déjà la jeunesse a trop de problèmes pour elle-même. Donc, que ce soit : le Viol, le Kidnapping, l’Assassinat ou autre, le jeune (écolier/étudiant) haïtien ne mérite pas ça. Comment dire que les étudiants font aussi face aux mêmes problèmes que le reste du pays ? À part bien sûr qu’ils aillent à l’école et leurs parents au marché, pour qu’à la fin de la journée, réaliser que le bout de papier appelé diplôme est la seule différence entre eux et leurs parents.  

C’est un jeune homme qui est condamné à passer sa journée avec un grain de sel sous la langue en vue de donner goût à sa bouche, mais qui par manque d’autres ingrédients est devenue salée. C’est une jeune femme qui vit dans une société où toutes les conditions nécessaires à lui faire une prostituée et vendeuse de sa petite pomme à double tranches se voient réunir. Qui n’a rien dans le ventre mais se bat avec un rêve dans la tête.

Les étudiants sont les premiers croyants de l’Haïti meilleur. Sinon pourquoi étudier dans un pays où les lois sont injustes ? Un pays qui rejette le savoir et fait place à l’ignorance et la médiocrité. Un pays qui choisit ses leaders parmi les plus nuls. Ces jeunes ont compris que les leaders au pouvoir ne leur inspire rien, à part un sentiment d’apatride et de vol. Ainsi, ils se veulent être des modèles pour eux même et pour les jeunots qui leur viennent après. Même si pour ça, plusieurs ont déjà fini comme Johnny (De-Fi).

La vie pour le jeune haïtien dans son propre pays présente tellement de noirceur qu’il est incapable de voir le bout de son nez même au moyen d’une lampe projecteur. Alors qu’une lampe ″Tèt gridap″ alimentée de son sang ou de sa sueur, constitue son outil d’éclairage sur ce champ infernal de la réussite. Trop de rêves qui ne restent que dans la limite de rêve. Nous voici dans un pays où la seule façon de rêver longtemps et grand, c’est de se plonger dans un sommeil profond dans la journée où on se dispose de seulement 24 heures.

Voilà qui ne représente pas de problème pour le jeune haïtien qui se retrouve dans le graté santi, du lever du soleil jusqu’à son couchant, et qui se ferait le luxe de ne jamais se réveiller, n’était-ce la perturbation des moustiques. Ce qu’a bien compris le gouvernement, lorsqu’en réponse à la requête aux jeunes haïtiens qui se réclament de mener une vie de rêve, il arme des bandits pour leur faire avaler des pilules métalliques pour un sommeil perpétré de rêves et où il n’y a point de réveil.

Dans les autres coins du globe, les gouvernements produisent beaucoup trop de nourriture qu’ils aient de bouches à manger. Il y a tellement de boulots que même si on double la population, les places seraient encore vacantes. Le souci premier de ses États c’est l’éducation. Et pour ça, ils arrivent même à rémunérer leurs jeunes pour qu’ils se rendent à l’école, alors que chez nous c’est tout le contraire. On veut y aller, on veut devenir quelqu’un pour soi-même, pour sa famille et pour son pays mais, partout on est dans les fers. Être étudiant haïtien, c’est dire que vous étudiez même si vous n’avez aucune idée d’où vous allez travailler après vos études.

C’est un acte de foi qui vous permet de croire dans un avenir incertain, mais qui ne se révèle pas salvateur pour ce qui est d’épargner votre vie incertaine. Gregory s’est fait tuer derrière les murs d’une université. La loi interdisant le port d’arme au sein de l’espace universitaire, n’a pas empêché à un étudiant d’être tué par balle, à l’intérieur même de l’université. Evelyne s’est fait battre, violer et assassiner après seulement quelques jours de son baccalauréat. Comment dire assez à cette situation trop longtemps perdurée et qui ne semble pas être proche d’un terme ?

En Haïti, avoir une licence fait partie des choses qui se payent cher et précieux. C’est un rang forcé auquel, seulement les batailleurs et fougueux y parviennent. Violer, kidnapper ou assassiner un étudiant, c’est violer, kidnapper et assassiner le pays lui-même. Leurs parents ont déjà été violés lorsqu’ils n’ont pas eu la chance d’aller à l’école. Au moins, ils méritent d’avoir cette chance de voir leurs enfants sortir du fumier et s’asseoir avec les grands du pays et du monde. Ces malheureux aux talons fendus ne savent peut-être pas gribouiller leur nom, mais ont le plein droit d’avoir une place et d’assister dignement au couronnement des hommes et femmes qu’ils ont engendré.

L’avenir est peut-être incertain mais, les TÈT GRIDAP ont aussi le droit d’être allumés.

Alcé M. Henry

Les Écrits AMH