N’avez-vous jamais demandé, au regard de tout ce qui se
passe dans votre pays si vous vous trouvez dans un livre ou dans un film
? Si oui, dites-vous alors que votre pays est si mystérieux que les
histoires légendaires s’y trouvent réaliser sans effets de montage. Il
n’y a qu’en Haïti que les contes imaginaires sont devenus réels. Voilà
ce qu’explique qu’on a eu toujours un peuple de corbeau et des leaders
de renard, des présidents Bouki et des sénateurs Malice. Des politicards
de qui on en a marre et qu’on veut à tout prix s’en débarrasser mais
qui, tuer ou jeter en prison, ils n’ont absolument rien à perdre.
Quelqu’un ne possédant ni le niveau, ni l’instinct moral, ni la vertu, et qui vraisemblablement n’a rien de présidentiable, mais qui joue à répéter s’être président et le devient comme par un coup de baguette magique, n’a rien à perdre.
On perd ce qu’on a, ou ce qu’on a bien
mérité. Le reste n’est que fourberie et jésuitisme. C’est pleurer sans
qu’une goutte ne sorte des yeux.
Quelqu’un qui s’est fait rapatrier artiste
pour s’y être réincarné politicien, sans projet politique, s’emparant
de la naïveté du peuple affamé et démuni ; un TI BLADA exilé sur son île
et qui en a marre de ne plus pouvoir retourner à son Jérusalem, et
d’être en mesure de polémiquer ses challengers, mais qui se trouve au
final être législateur comme dans un jeu de pile ou face rien que pour y
refaire surface en officiel diplomate, n’a rien à perdre.
Quelqu’un qui se dit un jour être un
malfrat et qui est devenu le criminel le plus notoire de tout le pays.
Un gang qui, après s’être capturé s’est fait soigner sous la plus haute
surveillance des forces policières, et qui est devenu quelqu’un de qui
on n’a pas à toucher un brin de cheveu en dépit de ses actes, n’a rien à
perdre.
Cette génération de leaders corrompus n’a
absolument rien à perdre. A part peut-être leur personnalité. Mais,
comment perdre sa personnalité lorsqu’on n’en a déjà même pas ? Le
peuple est seul perdant pour être maintenu ignorant afin qu’il élise
toujours des tarés mauvais gagnants.
Ils ont gagné dans le temps et en dehors
du temps. Car, à tort ou à raison, leur nom figureront dans l’histoire.
Les générations à venir se poseront des questions sur notre vécu actuel.
Par conséquent, tout historien qui se respecte ne peut se permettre de
ne pas souligner de tels faits de leur crayon indélébile. Donc d’une
façon ou d’une autre, ils sont immortels. Quelqu’un devenant immortel
n’a rien à perdre
Un chanteur (rastaman) qui a décidé un
beau jour de raccrocher son micro, et décroche une copie de la
constitution et se fait homme de loi, n’a rien à perdre. Voilà pourquoi ils
s’en foutent bien de nos gueules. Vous leur mettez au palais et au
parlement, mais toujours ils retournent vous faire chanter, danser et
secouer vos dreads. On est les seuls perdants pour avoir effectué des
choix stupides et bidons depuis 1986. Ce qui fait qu’en 2004, le peuple
se défait d’Aristide, mais à la fin de la journée, les seuls gagnants
étaient Boniface et Latortue. Ils ont fait de Préval un gagnant, qui a
fait de Martelly, Lamorthe et tout le reste gagnants.
Quelqu’un qui, un bon matin se voit
contraint de faire la transition de planteur de banane au Président de
la République n’a vraiment rien à perdre. Ce sont des choses qui se
passent uniquement dans des livres et du cinéma. Voilà ce qui fait de
nous, un pays pas comme les autres. (AYITI PA’M NAN DIFERAN).
Les jeunes sont les seuls perdants de s’être contraints de vivre
l’invivable ou de prendre leurs jambes à leur cou et partent. Les
paysans et les Man-Sara sont les seuls perdants de voir trop souvent
partir en fumée, les fruits de leur récolte et leurs marchandises sous
leurs yeux.
Vos chefs d’Etats, gouvernements et parlementaires sont
accusés de crime et de corruption, dites- vous alors que c’est la faute
des électeurs d’avoir donné eux-mêmes les pierres servant à les lapider.
Ce qui fait d’eux, perdants mais surtout complices et victimes de
circonstance.
Quelqu’un qui a bouclé son cycle d’études
classiques en dépit des difficultés qu’on connait tous. Et, qui
retrousse ses manches jusqu’à s’être diplômé universitaire ; les jeunes
qui malgré vents et marées n’ont pas abandonné. Ceux pour qui la lumière
du soleil et le noir de la nuit sont comme 2 mi-temps d’un même match
de misères. Ceux-là qui ont appris à donner goût à leur journée rien
qu’avec un grain de sel sous la langue, avant de se mettre la nuit
devant un morceau de souche de bois pin allumé ou sous les lampadaires
pour les plus chanceux.
Ces jeunes qui ont réussi à se faire un nom dans
la douleur. Si un jour ils deviendront Parlementaires, Présidents ou
Ministres et qu’ils se voient accuser à tort de voleurs, de kidnappeurs
ou de commanditaires de gangs, ils auront de quoi se sentir perdants. Le
reste n’est que simulations et astuces de feintes.
En Haïti la politique est ce milieu de
travail dans lequel on dort pauvre pour se relever riche. Il n’y a pas
d’hypothèse à soutenir qu’on soit perdant avec des millions dans les
poches et sa famille à l’abri des contagions (chômage, insécurité etc.)
du système. Ça vaudrait le coup de demander, qui sont alors les gagnants
? Ce n’est quand même pas ceux dont le salaire minimum permet juste de
manger qu’une seule fois par jour.
Ils nous ont tout pris. Ils ont tout gagné, et Haïti a tout perdu.
Alce M. Henry
Les Écrits AMH
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