Tuesday, March 10, 2020

CETTE GENERATION DE LEADERS CORROMPUS N’A ABSOLUMENT RIEN A PERDRE | Alce M. Henry

N’avez-vous jamais demandé, au regard de tout ce qui se passe dans votre pays si vous vous trouvez dans un livre ou dans un film ? Si oui, dites-vous alors que votre pays est si mystérieux que les histoires légendaires s’y trouvent réaliser sans effets de montage. Il n’y a qu’en Haïti que les contes imaginaires sont devenus réels. Voilà ce qu’explique qu’on a eu toujours un peuple de corbeau et des leaders de renard, des présidents Bouki et des sénateurs Malice. Des politicards de qui on en a marre et qu’on veut à tout prix s’en débarrasser mais qui, tuer ou jeter en prison, ils n’ont absolument rien à perdre.

Quelqu’un ne possédant ni le niveau, ni l’instinct moral, ni la vertu, et qui vraisemblablement n’a rien de présidentiable, mais qui joue à répéter s’être président et le devient comme par un coup de baguette magique, n’a rien à perdre.

On perd ce qu’on a, ou ce qu’on a bien mérité. Le reste n’est que fourberie et jésuitisme. C’est pleurer sans qu’une goutte ne sorte des yeux.
Quelqu’un qui s’est fait rapatrier artiste pour s’y être réincarné politicien, sans projet politique, s’emparant de la naïveté du peuple affamé et démuni ; un TI BLADA exilé sur son île et qui en a marre de ne plus pouvoir retourner à son Jérusalem, et d’être en mesure de polémiquer ses challengers, mais qui se trouve au final être législateur comme dans un jeu de pile ou face rien que pour y refaire surface en officiel diplomate, n’a rien à perdre.

Quelqu’un qui se dit un jour être un malfrat et qui est devenu le criminel le plus notoire de tout le pays. Un gang qui, après s’être capturé s’est fait soigner sous la plus haute surveillance des forces policières, et qui est devenu quelqu’un de qui on n’a pas à toucher un brin de cheveu en dépit de ses actes, n’a rien à perdre.

Cette génération de leaders corrompus n’a absolument rien à perdre. A part peut-être leur personnalité. Mais, comment perdre sa personnalité lorsqu’on n’en a déjà même pas ? Le peuple est seul perdant pour être maintenu ignorant afin qu’il élise toujours des tarés mauvais gagnants.
Ils ont gagné dans le temps et en dehors du temps. Car, à tort ou à raison, leur nom figureront dans l’histoire. Les générations à venir se poseront des questions sur notre vécu actuel. Par conséquent, tout historien qui se respecte ne peut se permettre de ne pas souligner de tels faits de leur crayon indélébile. Donc d’une façon ou d’une autre, ils sont immortels. Quelqu’un devenant immortel n’a rien à perdre
Un chanteur (rastaman) qui a décidé un beau jour de raccrocher son micro, et décroche une copie de la constitution et se fait homme de loi, n’a rien à perdre. Voilà pourquoi ils s’en foutent bien de nos gueules. Vous leur mettez au palais et au parlement, mais toujours ils retournent vous faire chanter, danser et secouer vos dreads. On est les seuls perdants pour avoir effectué des choix stupides et bidons depuis 1986. Ce qui fait qu’en 2004, le peuple se défait d’Aristide, mais à la fin de la journée, les seuls gagnants étaient Boniface et Latortue. Ils ont fait de Préval un gagnant, qui a fait de Martelly, Lamorthe et tout le reste gagnants.

Quelqu’un qui, un bon matin se voit contraint de faire la transition de planteur de banane au Président de la République n’a vraiment rien à perdre. Ce sont des choses qui se passent uniquement dans des livres et du cinéma. Voilà ce qui fait de nous, un pays pas comme les autres. (AYITI PA’M NAN DIFERAN).

Les jeunes sont les seuls perdants de s’être contraints de vivre l’invivable ou de prendre leurs jambes à leur cou et partent. Les paysans et les Man-Sara sont les seuls perdants de voir trop souvent partir en fumée, les fruits de leur récolte et leurs marchandises sous leurs yeux. 

Vos chefs d’Etats, gouvernements et parlementaires sont accusés de crime et de corruption, dites- vous alors que c’est la faute des électeurs d’avoir donné eux-mêmes les pierres servant à les lapider. Ce qui fait d’eux, perdants mais surtout complices et victimes de circonstance.

Quelqu’un qui a bouclé son cycle d’études classiques en dépit des difficultés qu’on connait tous. Et, qui retrousse ses manches jusqu’à s’être diplômé universitaire ; les jeunes qui malgré vents et marées n’ont pas abandonné. Ceux pour qui la lumière du soleil et le noir de la nuit sont comme 2 mi-temps d’un même match de misères. Ceux-là qui ont appris à donner goût à leur journée rien qu’avec un grain de sel sous la langue, avant de se mettre la nuit devant un morceau de souche de bois pin allumé ou sous les lampadaires pour les plus chanceux. 

Ces jeunes qui ont réussi à se faire un nom dans la douleur. Si un jour ils deviendront Parlementaires, Présidents ou Ministres et qu’ils se voient accuser à tort de voleurs, de kidnappeurs ou de commanditaires de gangs, ils auront de quoi se sentir perdants. Le reste n’est que simulations et astuces de feintes.

En Haïti la politique est ce milieu de travail dans lequel on dort pauvre pour se relever riche. Il n’y a pas d’hypothèse à soutenir qu’on soit perdant avec des millions dans les poches et sa famille à l’abri des contagions (chômage, insécurité etc.) du système. Ça vaudrait le coup de demander, qui sont alors les gagnants ? Ce n’est quand même pas ceux dont le salaire minimum permet juste de manger qu’une seule fois par jour.

Ils nous ont tout pris. Ils ont tout gagné, et Haïti a tout perdu.

Alce M. Henry
Les Écrits AMH


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