Wednesday, April 29, 2020

IL FAUT MANGER POUR VIVRE ET NON VIVRE POUR MANGER | Alce M. Henry

Photo Par les Ecrits  AMH
Il semble qu’un vieillard appelé Socrate a émis un jour cet aphorisme traduit littéralement par cette locution latine: ″ EDE UT VIVAS, NE VIVAS UT EDAS″. Dans sa comédie de l’Avare, Molière l’a repris et l’a rendu célèbre tout en voulant relever le paradoxe caché au fond de cette pensée combien controversée. Pour vous qui me suivez, je suis précisément au 3ème acte de la scène 5 reportant un dialogue entre Harpagon (le nom de l’Avare) et Valère. Pour des gens qui ont étudié la littérature française, vous savez que le dramaturge et comédien Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, peint ses tableaux suivant une philosophie lui avisant de corriger les mœurs par le rire. Cependant, l’exemple de chez nous, c’est-à-dire, le contexte haïtien de la situation m’oblige à exclure le côté hilarant dans ma réflexion. 

Il FAUT NE PAS VIVRE POUR MANGER

Tandis que vous vous protestez pour de meilleures conditions de vie, vous réclamez l’émergence de votre classe sociale. Dans vos écriteaux il est écrit : Routes, Ecoles, Hôpitaux, Universités, Salaire Minimum, Non à la corruption ! Justice, Réparation et autres. Pour vous répondre, votre gouvernement vous promet d’abaisser le prix des produits de base du panier de la ménagère (le riz), sans oublier une communauté internationale toujours disposée à faire tomber de la manne de quelques tonnes de riz. 

Voudraient-ils pas vous prendre pour ceux-là qui vivent pour de la mangeaille ? 

Le peuple libre se révolte et se dit: Mais putain, ils nous prennent pour des cons là! Mais attendez, restons sur terre. Comment cela pourrait-il être différent lorsqu'aux urnes, vous élisez un président parce que tout simplement ce dernier vous a promis de l’argent dans vos poches et de la bouffe dans votre assiette. Autrement dit, vous avez voté pour la politique de : LAPÈ NAN PÒCH, LAPÈ NAN VANT ! Ainsi, vous ne choisissez pas que la banane, mais aussi ses racines et tous ses rejets. 

Montrez-vous pas que dans la vie, tout ce qui compte c'est de la subsistance?

IL FAUT MANGER POUR VIVRE

Evoluant sous le seuil d’insécurité alimentaire, vos enfants accusent de retard de croissance avec des multiformes de malnutrition. Chez nous, le nombre de personnes souffrant de faim est en hausse. Etant une nation en état d'urgence chronique et complexe en termes d'assistance humanitaire. Évoluant sous une situation de déséquilibre et de privation alimentaire, sachant surtout qu’il faudrait manger pour vivre (recommandent Socrate et Molière), à moins qu’on soit des Avares je me demande sérieusement si on est des êtres vivant ? 

On est ceux-là qui vivent pour manger mais qui n’en trouve même pas. Autrement dit, on ne vit pas.

Alcé M. Henry
Les Ecrits AMH
 

Thursday, April 23, 2020

HAÏTI, AVENIR TÈT GRIDAP | Alce M. Henry

Chute libre de la gourde, montée galopante de la monnaie verte, corruption, impunité, chômage, cherté de la vie,viol, kidnapping, évasion de cerveaux, famine, sécheresse, insécurité criante, Etat sans état d’âme, exécutif mythomane, parlement inopérant et débile, peuple ingénu…, comment dire que MON PAYS SE PORTE MAL ?

Connu pour un pays où l’instabilité sévit depuis il y’a longtemps, toutes les conditions pour un soulèvement général sont réunies. On peut donc sentir le gaz déjà chuté dans l’air, auquel il faut éviter qu’un briquet soit allumé trop proche, de peur que ça fasse un gros boom !

Haïti, est un corps malade dans tous ces organes. Et, où à 25 ans, on est trop jeune pour bosser et trop vieux pour mourir. Réduite à elle seule, la jeunesse a déjà trop de problèmes pour elle-même. Donc, viol, kidnapping, assassinat ou autres, le jeune (étudiant) haïtien ne mérite pas ça. Comment dire que l’étudiant fait aussi face aux mêmes problèmes que souffre le reste du pays ? C’est un jeune homme qui est condamné à passer sa journée avec un grain de sel sous la langue en vue de donner goût à sa journée. C’est une jeune femme qui vit dans une société où toutes les conditions nécessaires à lui faire une prostituée et vendeuse de sa petite pomme à double tranches se voient réunir. Qui n’a rien dans le ventre mais se bat avec un rêve dans la tête. 

Les étudiants sont les premiers croyants de l’Haïti meilleur. Sinon pourquoi étudier dans un pays où les lois sont injustes ? Un pays qui rejette le savoir et fait place à l’ignorance et la médiocrité. Un pays qui choisit ses leaders parmi les plus nuls. Ces jeunes ont compris que cette génération au pouvoir ne leur rien léguée, à part un sentiment d’apatride et de vol. Ainsi, ils se veulent être des modèles pour eux même et pour les jeunots qui leur viennent après. Même si pour ça, plusieurs ont déjà fini comme Johnny (De-Fi).

La vie pour le jeune haïtien dans son propre pays présente tellement de noirceur qu’il est incapable de voir le bout de son nez même avec une lampe projecteur. Alors qu’une lampe ″Tèt gridap″ alimentée de son sang ou de sa sueur, constitue son outil d’éclairage sur ce champ infernal de la réussite. Trop de rêve qui ne restent que dans les limites de rêve. Dans les autres coins du globe, les gouvernements produisent beaucoup trop de nourriture qu’ils aient de bouches à manger. Il y a tellement de boulots que même si on double la population, les places seraient encore vacantes. Le souci premier de ses États c’est l’éducation. Et pour ça, ils arrivent même à rémunérer leurs jeunes pour qu’ils se rendent à l’école alors que chez nous c’est tout le contraire. On veut y aller, on veut devenir quelqu’un pour soi-même, pour sa famille et pour son pays mais, partout on est dans les fers. 

Etre étudiant haïtien, c’est dire que vous étudiez même si vous n’avez aucune idée d’où vous travaillez après vos études.

En Haïti, avoir une licence fait partie des choses qui se payent cher et précieux. C’est un rang forcé auquel, seulement les batailleurs et fougueux y parviennent. Violer, kidnapper ou assassiner un étudiant, c’est violer, kidnapper et assassiner le pays lui-même. Leurs parents ont déjà été violés lorsqu’ils n’ont pas eu la chance d’aller à l’école. Au moins, ils méritent d’avoir cette chance de voir leurs enfants sortir du fumier et s’asseoir avec les grands du pays et du monde. Ces malheureux aux talons fendus ne savent peut-être pas gribouiller leur nom, mais ont le plein droit d’avoir une place et d’assister dignement au couronnement des hommes et femmes qu’ils ont créé.

L’avenir est peut-être incertain mais, les TÈT GRIDAP ont aussi le droit d’être allumés.

Alcé Mk Henry
Les Ecrits AMH

Tuesday, April 7, 2020

PEUPLE DE SAINT-DOMINGUE, (OH PARDON!), PEUPLE D'HAÏTI, VOUS SOUVENEZ-VOUS DE MOI ? | Alce M. Henry



Oui, j’ai comme l’impression de lui entendre nous dire : Me songez-vous?

A cette génération évadée, qui a perdu le sens de l’histoire, je lui ai entendu faire lui-même sa propre présentation, par ces paroles:
« Je suis Toussaint Louverture ; mon nom s'est peut-être fait connaître jusqu'à vous. J'ai entrepris la vengeance de ma race. Je veux que la Liberté et l'Egalité règnent à Saint-Domingue. J’ai travaillé à les faire exister ».

Esclave dès sa naissance, François Dominique Toussaint a su toujours se faire des ouvertures, d’où son nom ''LOUVERTURE''. Né le 20 Mai 1743, il a été le premier leader Noir du monde, et chef de la Révolution haïtienne de 1791 à 1802. Toussaint LOUVERTURE n’a vécu que 59 ans, avant d’être décédé au Fort de Joux (à La Cluse-et-Mijoux en France), le 7 avril 1803.

7 avril 2022, 219 ans après. Combien de chef d’Etat peut dire comme Toussaint : « Je place ma considération dans le respect de mes concitoyens, mes honneurs dans leur attachement, ma fortune dans leur fidélité désintéressée ».

219 ans après, combien de leaders de l’opposition peuvent se permettre de répéter cette parole célèbre du précurseur de 1804 : « Je suis soldat. Je n’ai pas peur des hommes. Je ne crains que Dieu. S’il faut mourir, je mourrai comme un soldat qui n’a rien à se reprocher ».

219 ans après, combien de jeunes gens dévoués et engagés pourront dire comme le jeune Toussaint, face à ce système politique corrompu et dévastateur: « Les scélérats se démasquent et leur audace s’accroît journellement… Je suis assez fort pour [leur] tenir tête et les réduire, soyez-en bien persuadé ».

219 ans après, le pays entier se souvient-il de cette parole du grand Louverture avant son exportation:
« En me renversant, on n'a abattu à Saint-Domingue que le tronc de l'arbre de la liberté, mais il repoussera car ses racines sont profondes et nombreuses ».

219 ans après, avons-nous pas nous même déraciné cet arbre de la liberté ?

219 ans après, combien de Toussaint a-t-on renversé et envoyé mourir avec leur rêve haïtien, accroupis dans une prison étrangère?

219 ans après, combien de Toussaint à qui on a forcé de quitter leur pays et qui sont morts dans des Fort de Joux de la République Dominicaine, de Chili, Brazil et partout dans le monde ?

219 ans après, peuple de Saint-domingue, [Oups! pardon!] peuple d'Haïti, vous souvenez vous de Toussaint Louverture ?

Alcé M. Henry
Les Ecrits AMH