Chute libre de la gourde, montée galopante de la monnaie verte,
corruption, impunité, chômage, cherté de la vie,viol, kidnapping,
évasion de cerveaux, famine, sécheresse, insécurité criante, Etat sans
état d’âme, exécutif mythomane, parlement inopérant et débile, peuple
ingénu…, comment dire que MON PAYS SE PORTE MAL ?
Connu pour un pays où l’instabilité sévit
depuis il y’a longtemps, toutes les conditions pour un soulèvement
général sont réunies. On peut donc sentir le gaz déjà chuté dans l’air,
auquel il faut éviter qu’un briquet soit allumé trop proche, de peur que
ça fasse un gros boom !
Haïti, est un corps malade dans tous ces
organes. Et, où à 25 ans, on est trop jeune pour bosser et trop vieux
pour mourir. Réduite à elle seule, la jeunesse a déjà trop de problèmes
pour elle-même. Donc, viol, kidnapping, assassinat ou autres, le jeune
(étudiant) haïtien ne mérite pas ça. Comment dire que l’étudiant fait
aussi face aux mêmes problèmes que souffre le reste du pays ? C’est un
jeune homme qui est condamné à passer sa journée avec un grain de sel
sous la langue en vue de donner goût à sa journée. C’est une jeune femme
qui vit dans une société où toutes les conditions nécessaires à lui
faire une prostituée et vendeuse de sa petite pomme à double tranches se
voient réunir. Qui n’a rien dans le ventre mais se bat avec un rêve
dans la tête.
Les étudiants sont les premiers croyants de l’Haïti
meilleur. Sinon pourquoi étudier dans un pays où les lois sont injustes ?
Un pays qui rejette le savoir et fait place à l’ignorance et la
médiocrité. Un pays qui choisit ses leaders parmi les plus nuls. Ces
jeunes ont compris que cette génération au pouvoir ne leur rien léguée, à
part un sentiment d’apatride et de vol. Ainsi, ils se veulent être des
modèles pour eux même et pour les jeunots qui leur viennent après. Même
si pour ça, plusieurs ont déjà fini comme Johnny (De-Fi).
La
vie pour le jeune haïtien dans son propre pays présente tellement de
noirceur qu’il est incapable de voir le bout de son nez même avec une
lampe projecteur. Alors qu’une lampe ″Tèt gridap″ alimentée de son sang
ou de sa sueur, constitue son outil d’éclairage sur ce champ infernal de
la réussite. Trop de rêve qui ne restent que dans les limites de rêve.
Dans les autres coins du globe, les gouvernements produisent beaucoup
trop de nourriture qu’ils aient de bouches à manger. Il y a tellement de
boulots que même si on double la population, les places seraient encore
vacantes. Le souci premier de ses États c’est l’éducation. Et pour ça,
ils arrivent même à rémunérer leurs jeunes pour qu’ils se rendent à
l’école alors que chez nous c’est tout le contraire. On veut y aller, on
veut devenir quelqu’un pour soi-même, pour sa famille et pour son pays
mais, partout on est dans les fers.
Etre étudiant haïtien, c’est dire
que vous étudiez même si vous n’avez aucune idée d’où vous travaillez
après vos études.
En Haïti, avoir une licence fait partie
des choses qui se payent cher et précieux. C’est un rang forcé auquel,
seulement les batailleurs et fougueux y parviennent. Violer, kidnapper
ou assassiner un étudiant, c’est violer, kidnapper et assassiner le pays
lui-même. Leurs parents ont déjà été violés lorsqu’ils n’ont pas eu la
chance d’aller à l’école. Au moins, ils méritent d’avoir cette chance de
voir leurs enfants sortir du fumier et s’asseoir avec les grands du
pays et du monde. Ces malheureux aux talons fendus ne savent peut-être
pas gribouiller leur nom, mais ont le plein droit d’avoir une place et
d’assister dignement au couronnement des hommes et femmes qu’ils ont
créé.
L’avenir est peut-être incertain mais, les TÈT GRIDAP ont aussi le droit d’être allumés.
Alcé Mk Henry
Les Ecrits AMH
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