Thursday, April 23, 2020

HAÏTI, AVENIR TÈT GRIDAP | Alce M. Henry

Chute libre de la gourde, montée galopante de la monnaie verte, corruption, impunité, chômage, cherté de la vie,viol, kidnapping, évasion de cerveaux, famine, sécheresse, insécurité criante, Etat sans état d’âme, exécutif mythomane, parlement inopérant et débile, peuple ingénu…, comment dire que MON PAYS SE PORTE MAL ?

Connu pour un pays où l’instabilité sévit depuis il y’a longtemps, toutes les conditions pour un soulèvement général sont réunies. On peut donc sentir le gaz déjà chuté dans l’air, auquel il faut éviter qu’un briquet soit allumé trop proche, de peur que ça fasse un gros boom !

Haïti, est un corps malade dans tous ces organes. Et, où à 25 ans, on est trop jeune pour bosser et trop vieux pour mourir. Réduite à elle seule, la jeunesse a déjà trop de problèmes pour elle-même. Donc, viol, kidnapping, assassinat ou autres, le jeune (étudiant) haïtien ne mérite pas ça. Comment dire que l’étudiant fait aussi face aux mêmes problèmes que souffre le reste du pays ? C’est un jeune homme qui est condamné à passer sa journée avec un grain de sel sous la langue en vue de donner goût à sa journée. C’est une jeune femme qui vit dans une société où toutes les conditions nécessaires à lui faire une prostituée et vendeuse de sa petite pomme à double tranches se voient réunir. Qui n’a rien dans le ventre mais se bat avec un rêve dans la tête. 

Les étudiants sont les premiers croyants de l’Haïti meilleur. Sinon pourquoi étudier dans un pays où les lois sont injustes ? Un pays qui rejette le savoir et fait place à l’ignorance et la médiocrité. Un pays qui choisit ses leaders parmi les plus nuls. Ces jeunes ont compris que cette génération au pouvoir ne leur rien léguée, à part un sentiment d’apatride et de vol. Ainsi, ils se veulent être des modèles pour eux même et pour les jeunots qui leur viennent après. Même si pour ça, plusieurs ont déjà fini comme Johnny (De-Fi).

La vie pour le jeune haïtien dans son propre pays présente tellement de noirceur qu’il est incapable de voir le bout de son nez même avec une lampe projecteur. Alors qu’une lampe ″Tèt gridap″ alimentée de son sang ou de sa sueur, constitue son outil d’éclairage sur ce champ infernal de la réussite. Trop de rêve qui ne restent que dans les limites de rêve. Dans les autres coins du globe, les gouvernements produisent beaucoup trop de nourriture qu’ils aient de bouches à manger. Il y a tellement de boulots que même si on double la population, les places seraient encore vacantes. Le souci premier de ses États c’est l’éducation. Et pour ça, ils arrivent même à rémunérer leurs jeunes pour qu’ils se rendent à l’école alors que chez nous c’est tout le contraire. On veut y aller, on veut devenir quelqu’un pour soi-même, pour sa famille et pour son pays mais, partout on est dans les fers. 

Etre étudiant haïtien, c’est dire que vous étudiez même si vous n’avez aucune idée d’où vous travaillez après vos études.

En Haïti, avoir une licence fait partie des choses qui se payent cher et précieux. C’est un rang forcé auquel, seulement les batailleurs et fougueux y parviennent. Violer, kidnapper ou assassiner un étudiant, c’est violer, kidnapper et assassiner le pays lui-même. Leurs parents ont déjà été violés lorsqu’ils n’ont pas eu la chance d’aller à l’école. Au moins, ils méritent d’avoir cette chance de voir leurs enfants sortir du fumier et s’asseoir avec les grands du pays et du monde. Ces malheureux aux talons fendus ne savent peut-être pas gribouiller leur nom, mais ont le plein droit d’avoir une place et d’assister dignement au couronnement des hommes et femmes qu’ils ont créé.

L’avenir est peut-être incertain mais, les TÈT GRIDAP ont aussi le droit d’être allumés.

Alcé Mk Henry
Les Ecrits AMH

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