Tuesday, August 24, 2021

Haïti : A-t-on Pensé au fait que l’Aide Internationale n’est pas Toujours Humanitaire mais Politique ?


Si dans la nuit de 14 Août 1791 a eu lieu le congrès de la cérémonie du Bois-Caïman, considérée comme l’acte fondateur de la révolution et de la guerre de l’indépendance haïtienne ; au matin de la journée du 14 Août 2021, dans la péninsule Sud, c’est un autre évènement qu’il y'a eu. Celui de la terre tremblée. 230 ans plus tard le Bois-Caïman se voit commémorer avec surtout la présence d’une coulée de sang immense, pas celui de porc comme l’a dit l’histoire, mais d’hommes.

8:30, Samedi matin. Alors que les gens se préparent à s’occuper de leurs activités du weekend, la province des nippes à environ 10 km à l’Est de Baradères et 20 Km au Sud-Ouest d’Anse-à-veau se fait l’épicentre du séisme qui a dévasté le grand Sud du pays, selon l’Institut Américain de Géophysique (USGS). Désormais sur la cartographie des risques et des désastres, la côte Sud se doit d’être dépeinte en rouge. Déjà le cyclone Matthieu 5 ans de cela, et aujourd’hui Goudou-Goudou. Dans les Nippes, et la grand ’Anse, les dégâts sont considérables, ce qui rappelle les effets dévastateurs du séisme de janvier 2010 à Port-au-Prince.

Le tremblement de terre du grand Sud est presque identique, sinon plus grave que celui de la capitale. 7.2, de magnitude contre 7.0 pour le séisme de 2010, sur l’échelle de Richter. Mais ce dont craint tout haïtien d’Haïti et de la diaspora, c’est de ne pas expérimenter une gestion poste catastrophe comme a été le cas au lendemain de janvier 2010.

En Janvier 2010, après le séisme le monde se mobilisait pour Haïti. l’Haïtien avait peut-être perdu sa maison, ses proches, ou s'être amputé d'un membre de son propre corps. Mais il pouvait se permettre de rêver d’un avenir meilleur rien qu’en entendant le bruit des milliards de dollars d’aide et de financement internationaux que devrait bénéficier son pays.

A rappeler que, le séisme de Janvier 2010 a fait plus de 230 000 morts, 1 500 000 sans-abris et des centaines de milliers de blessés, selon les Nations Unies. A croire Raoul Peck, la Communauté Internationale c’était mise d’accord de verser en Haïti un montant record en termes d’assistance. A savoir : 5 milliards de dollars sur 18 mois, ou 11 milliards sur 5 ans. Sans compter le soutient des généreux citoyens des 4 coins du globe qui voulaient eux aussi faire preuve de solidarité à l’endroit de la première république noire au monde. Cet argent devrait contribuer à relever le pays de sa chute. Tout ça à travers une structure de reconstruction de grande envergure. D’où la mise en place de la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH).

L’argent est de taille et l’enjeu n’en est pas moins. Autour de la table de discussion étaient conviés que ceux qui ont promis au moins 100 millions de dollars de don. C’est-à-dire les grands bailleurs, tels que : La Banque Mondiale, les États-Unis, le Venezuela, le CARICOM, l’Union Européenne, la France et le Canada, pour n’en citer plus. Les partenaires se sont mis d’accord sur l’idée de nommer le premier Ministre haïtien à l’époque, Jean-Max Bellerive et l’ancien Président américain Bill Clinton à la tête de la nouvelle institution.

″Malgré ce terrible séisme, c’est l’occasion ou jamais pour ce pays d’échapper aux heures sombres du passé et de construire l’avenir″. A déclaré l’ancien Président américain après sa nomination à la tête du nouveau comité.

″Nou paka echwe, paske echèk nou ap gen twòp konsekans sou tout peyi pòv″, a enchainé le Premier Ministre haïtien, en créole haïtien. En se démarquant de toute possibilité d’échec, Jean-Max Bellerive a dû crier ''Eureka'', pour avoir enfin trouvé la solution tant cherchée du problème haïtien. Très rassuré de la coopération internationale, le politicien a commis l’erreur d’oublier que l’aide n’est pas humanitaire, mais politique.

Du coup, le pays se voit peupler d’ONG comme des charognards à l’approche des cadavres putréfiés. La reconstruction s’est remise entre les mains des organisations internationales et l’État haïtien a été recruté que dans l'exercice d'un rôle de figurant. Par exemple, côté santé : le Ministère de la Santé Publique s’est mis à l’écart et ne peut qu’observer les organisations, telles que : l’OMS, l’Unicef, Médecins Sans Frontières, Croix-Rouge International etc. Sans parler du Ministère des Travaux Public dont le rôle n’a été que de collecter les débris après que les ONG aient donné l’ordre. 

L’Aide internationale est plus ou moins ressemblée à un ensemble d’actions entrepreneuriales des pays donateurs qui envoient leurs représentants à leur profit. A la fin de la journée, la CIRH a échoué et Haïti se voit un peu plus enfoncer dans l’abime.

Malheureusement, Haïti est cet élève qui a manqué son examen, et qui s’est encore fait échouer malgré qu’il ait été accordé plus de 11 années de préparation. Haïti 11 ans plus tard présente l’image d’un pays qui n’a jamais été planifié, et avec des gouvernements successifs qui n’ont pas été à la hauteur de diriger quoi que ce soit. Malgré encore les visibles marques du tremblement de terre de 2010, cela n’a pas été suffisant de rappeler au peuple l’existence de cette épée de Damoclès suspendue à sa tête et de se montrer averti par rapport aux méthodes de constructions adoptées. Ainsi, une fois de plus la terre a tremblé et cette fois-ci, c’est à la destruction de la partie australe du pays.

Les phénomènes naturel, tels que : tremblement de terre, tempête tropicale ou autres sont catastrophiques, mais en Haïti le plus catastrophique et désastreux c’est notre façon de construire ou de penser notre pays tout court. Une fois de plus et de trop, le monde entier se montre concerner de notre état et se veut de nous tendre la main, mais la question est de savoir si on serait apte de nous relever cette fois ?

En matière de gestion et de planification, on est zéro à la tête marée. On est un pays qui est continuellement frappé par des désastres naturels mais qui ne peut implémenter aucun plan d’urgence. Toujours, nos maisons sont construites n’importe où et surtout, n’importe comment. L’haïtien n’assume jamais la responsabilité de ses actes, mais croit que son pays est maudit. Il ne se remet jamais en question, mais jette son sort sur la mère nature ou sur le bon Dieu qui serait en train de lui châtier pour avoir retourné aux blancs esclavagistes le mal pour le mal.

Tandis que le grand Sud dorme à la belle étoile, le grand Nord marche sur une faille qui peut être deplacée à tout moment. Au Cap-Haïtien, on redoute une récurrence du séisme du 7 Mai 1842. Pourtant tout ce qu’on fait pour se préparer c’est se confier au bon Dieu. 

Il n’y a pas de raccourci au développement, ni de tour de magie et pas même d’intervention divine. Haïti est un pays à reconstruire dans le respect des normes parasismiques et du développement durable. Mais pour ce qui est des Cayes et de Jérémie à présent, il faut surtout éviter que l’aide internationale soit comme en 2010. Dans les mots de Raoul Peck, une assistance mortelle.

Alce MK Henry

Les Écrits AMH

No comments: